Paracétamol: faut-il en avoir peur?
Le paracétamol est un antidouleur utilisé depuis des dizaines d'années et considéré généralement comme un premier choix, en raison de sa sécurité d'usage.
Les médias ont récemment parlé d'effets indésirables sérieux liés à la prise de paracétamol. Ils se faisaient l'écho de la publication d'une revue systématique d'études observationnelles, parue en début mars 2015.
Les auteurs de cet article évoquent une augmentation de la mortalité totale et des effets indésirables sévères sur les systèmes cardio-vasculaire, gastro-intestinal et rénal, ceci suite à la prise de paracétamol. Ces effets seraient dépendants de la dose de paracétamol ingérée.
Ces informations ont créé une certaine inquiétude parmi les utilisateurs de ce médicament.
Le Centre Belge d'Information Pharmacothérapeutique (CBIP) s'est penché sur la question. Ses experts indépendants ont soigneusement examiné la publication à l'origine des inquiétudes.
Des inquiétudes injustifiées?
L'analyse et l'interprétation critiques des résultats, selon les experts du CBIP, ne permettent pas de conclure qu'il existe un lien causal entre le paracétamol et les différents effets indésirables décrits.
Parmi les critiques adressées à la revue publiée, les experts citent
- le nombre limité d'études incluses (8 seulement sur plus de 1800 initialement identifiées)
- la faible qualité des 8 études incluses. Ainsi, les résultats pourraient être faussés par le fait que des informations sur les patients concernés sont manquantes, comme par exemple l'existence d'une maladie sous-jacente ou l'emploi d'autres médicaments que le paracétamol. Dans l'étude ayant montré une mortalité accrue, le lien entre le paracétamol et l'augmentation de la mortalité pourrait dès lors s'expliquer par la maladie ou les signes pour lesquels le paracétamol était administré, plutôt que par le paracétamol lui-même
Selon les experts consultés par le CBIP, "cette étude ne modifie pas la place du paracétamol comme analgésique et antipyrétique de premier choix. Il va de soi que pour le paracétamol, comme pour chaque médicament, les avantages et inconvénients doivent être mis en balance".
Ils rappellent que la prise d'un traitement médicamenteux n'est pas toujours nécessaire en cas de fièvre.
Par ailleurs, les personnes qui utilisent de manière prolongée un antidouleur, comme le paracétamol, doivent consulter régulièrement leur médecin. Ensemble, ils peuvent réévaluer l'utilité de poursuivre ce traitement ou les alternatives de traitement (kinésithérapie par exemple).
Le risque d'effets indésirables du paracétamol est faible. Mais le surdosage doit être évité, car il est responsable d'une atteinte grave du foie.
La dose habituelle pour un adulte en bonne santé est de 2 à 3 grammes par 24h.
Les doses chez l'enfant se calcule en fonction du poids : l'avis du médecin de famille ou du pharmacien est recommandé dans ces cas.
Certaines personnes doivent être plus particulièrement attentives à ne pas dépasser les doses conseillées par le médecin.
Ce sont les enfants, les adultes très maigres (< 50 kg), les personnes très âgées et les personnes présentant une malnutrition chronique, une insuffisance rénale.
Les adultes ayant une atteinte du foie (alcoolisme, insuffisance hépatique) ne devraient pas prendre de paracétamol sans avis médical préalable (et ne jamais dépasser une prise de 2 grammes par jour).
La prise de paracétamol est considérée comme dénuée de danger chez la femme enceinte ou pendant l'allaitement.
Photo © josfor - Fotolia.com & © ducdao - Fotolia.com
Mis en ligne le 07/04/2015
Références
- E. Roberts, V. Delgado Nunes, S. Buckner. Paracetamol: not as safe as we thought? A systematic literature review of observational studies. Ann Rheum Dis(doi:10.1136/annrheumdis-2014-206914), publication en ligne au 01/02/15); l'article complet peut être consulté sur http://ard.bmj.com/content/early/2015/02/09/annrheumdis-2014-206914.
- "Les résultats d'une revue systématique de la littérature récemment publiée sur les effets indésirables du paracétamol ne modifient pas la place du paracétamol comme analgésique ou antipyrétique de premier choix". Rubrique "Bon à savoir" 694 du 12/3/2015. www.cbip.be
- Répertoire commenté des médicaments. www.cbip.be.
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