Prise de poids: agir sur le contexte
Balancer les préjugés...
Nous vivons dans une société où tout nous incite à prendre du poids... et où tout nous pousse à vouloir être le plus mince possible!
La troisième campagne de Voyons large aborde ce paradoxe en explorant quelques-unes des multiples raisons qui le sous-tendent.
Contrairement à ce que l'on croit souvent, gagner ou perdre des kilos est loin d'être uniquement une question d'attitudes individuelles, auxquelles s'ajouterait (dans le cas d'une perte de poids) un zeste de volonté. Ce serait bien trop simple !
Entre tentations et influences…
" Nous sommes placés entre un objectif hédonique à court terme, et un objectif de santé à long terme, explique Olivier Corneille, professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (UCL) et auteur du livre 'Nos préférences sous influences'.
Il est difficile de résister à l'appel du premier, qui procure des plaisirs certains et immédiats. Une série de recherches actuelles portent sur la régulation de soi, sur les moyens de résister à nos envies et nos tentations, ou sur les moyens de les réguler. Pourtant, je ne suis pas persuadé qu'il s'agisse de la voie la plus prometteuse à suivre. En effet, elle tend à nous épuiser et à nous culpabiliser de nos échecs répétés.
En conséquence, elle diminue souvent notre estime de soi et notre sentiment de contrôle. Cette optique s'apparente aussi à celle qui nous pousse à tomber dans le cycle des régimes. Dans une immense majorité des cas, ils ne marchent pas, et nous le savons, mais... nous les adoptons quand même. "
En réalité, comme l'explique le Pr Olivier Corneille, "nos comportement alimentaires témoignent d'une rationalité très limitée. Ils sont largement automatiques et largement contaminés par des jugements 'défectueux'".
Des exemples ?
Le Pr Corneille en propose de nombreux. Ainsi, lorsqu'on nous sert une belle grande assiette bien remplie, nous imaginons - à tort - que la quantité proposée est adaptée et conforme à nos besoins. Dès lors, au lieu de porter notre attention sur notre sentiment de faim (ou de satiété), nous terminons bien "sagement" notre plat, l'esprit tranquille. Le psychologue souligne aussi que les assiettes actuelles sont, en moyenne, 44% plus grandes que celles utilisées il y a une quarantaine d’année. De quoi nous pousser à prendre l'habitude de consommer trop...
Différentes études ont confirmé nos difficultés à réguler les quantités que nous mangeons, en fonction du cadre ou des conditions dans lesquelles nous sommes placés. Ainsi, dans l'une de ces recherches, menée aux Etats-Unis en 2005, des volontaires se voyaient proposer un bol de soupe. Or, chez certains d'entre eux, le contenant se remplissait imperceptiblement au fur et à mesure du repas. Résultat : une consommation accrue de 73 %... et, malgré tout, chez les personnes concernées, le sentiment de ne pas avoir mangé davantage que les autres ! On sait également que les possibilités de se resservir "à volonté" dans certains restaurants augmentent la consommation de 70 %.
Dans un autre domaine, les chercheurs, tout comme les industriels, ont également compris qu'un label "pauvre en graisse", censé permettre d'ingérer moins de calories, déculpabilise le consommateur qui se sent dès lors autorisé à augmenter la consommation des produits étiquetés de la sorte. Au final, les quelques 15 % de calories en moins dans l'aliment ne servent à rien, bien au contraire : la personne mange davantage (une attitude également "tout bénéfice" pour le vendeur de ces produits) et ingère plus de calories.
Mieux comprendre pour mieux résister
Insensiblement, rappelle le Pr Corneille, nous sommes incités à manger plus, à ingérer davantage de nourriture. Nous le faisons en toute bonne conscience et en oubliant de tenter de prêter attention au seul signal (certes parfois difficile à percevoir) qui nous donnerait des renseignements pertinents : celui de nos sensations.
Pour parler de ce phénomène global, aux Etats-Unis, le Pr Brian Wandink a dénoncé, dès 2006, le " mindless eating ", la nutrition irréfléchie.
Afin de sortir de ce schéma, il s'agit d'apprendre à mieux comprendre comment nous réagissons aux sollicitations de notre environnement et pourquoi celui-ci nous piège ; nous pouvons ensuite agir sur notre environnement quotidien (par exemple, la taille de notre vaisselle), explique le Pr Corneille.
Le psychologue suggère donc une autre piste : agir sur le contexte, sur cet environnement qui nous pousse à acheter et/ou à consommer. Cela signifie qu'il s'agit aussi, pour tout le monde, de mieux connaître et d'identifier de quelles manières on trompe nos cerveaux pour mieux contrôler nos comportements.
Cette campagne est portée, de façon ludique, par l'édition d'un calendrier, compagnon sympathique de toute l’année 2016. Autre allié dans cette démarche, le site www.voyonslarge.be qui détricote les normes de poids et de minceur, les préjugés et les croyances, sans moraliser ni juger.
Le calendrier Voyons large est disponible gratuitement sur simple demande par mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
Photos extraites de la campagne Voyons large
Mis en ligne le 05/01/2016
Référence
- Dossier de presse de la campagne "Voyons large. Une troisième campagne pour balancer les préjugés par rapport au poids...". Site www.voyonslarge.be.
- Conférence donnée par le Professeur Oilivier Corneille et organisée par Question Santé le 3 décembre 2015 à Bruxelles.
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