Il est légitime que la population belge se pose des questions sur les dangers que pourraient présenter certains médicaments. Le médecin généraliste est l’interlocuteur naturel et idéal pour renseigner un patient sur le bon usage d’un médicament et en évaluer, dans son cas précis, le rapport bénéfice/risque.
Pharmacovigilance
Pour décrocher une autorisation de mise sur le marché, les médicaments sont soumis à de longues et rigoureuses procédures, avec identification de leurs effets secondaires.
Ce n’est pas pour autant que ceux qui les prescrivent et les consomment doivent relâcher toute vigilance. Le fait qu’un médicament soit commercialisé depuis longtemps n’exclut pas que se manifestent encore, en marge des effets secondaires répertoriés initialement, d’autres phénomènes indésirables plus rares. Les populations qui prennent ce produit sont effectivement plus larges que les cohortes testées lors des phases d’essais préalables.
Il ne faut donc pas hésiter à s’ouvrir à son médecin d’une réaction, d’un symptôme, potentiellement lié à la prise d’un médicament.
Balance bénéfice/risque
Outre cette contribution à la notification des manifestations nocives, les patients belges doivent garder à l’esprit la balance bénéfice/risque.
Ce n’est pas la peine de courir de risques inutilement. On n’utilisera pas, pour soigner une affection bénigne, un produit aux effets secondaires notoires.
Une douleur banale se soulage en priorité avec du paracétamol, et non avec des anti-inflammatoires dont on sait qu’ils présentent une toxicité gastro-intestinale, pouvant entraîner des ulcérations voire une hémorragie digestive.
De nouveau, le mieux placé pour aider son patient à opter pour une réponse proportionnée à un problème de santé, avec des risques calculés – et tolérés – est le médecin traitant. Ce professionnel évaluera en effet, en conditions réelles d’utilisation, selon la nature et la gravité du cas, en fonction des caractéristiques individuelles du patient (âge, affections existantes, antécédents, allergies…) et de l’existence ou non d’alternatives, le rapport bénéfice/risque.
A éviter
Il existe indubitablement des formes de mauvais usage ou d’usage inapproprié du médicament.
Comme dans le cas, il y a quelques années, du Mediator, destiné aux diabétiques en surpoids mais également utilisé comme coupe-faim, des médicaments sont consommés pour autre chose que l’indication pour laquelle ils sont prescrits.
Une autre dérive fréquente et risquée est d’utiliser sans discernement ce qui traîne dans l’armoire à pharmacie familiale.
Il n’est pas judicieux non plus de prendre d’initiative un médicament prescrit antérieurement à un proche, même si les symptômes paraissent similaires.
De nouveau, le médecin de famille est LA personne à solliciter pour un conseil.
Du reste, il connait un phénomène auquel le public ne songe pas : les interactions médicamenteuses.
La prise concomitante ou consécutive de deux (ou plusieurs) médicaments peut avoir des conséquences graves pour la santé, différentes des effets connus et attendus de chacun d’eux administrés séparément.
Elle peut aussi entraîner l’échec d’un traitement. Le patient doit donc éviter les combinaisons improvisées, et ne pas cacher à son médecin qu’il consomme des médicaments en vente libre qu’il s’est procuré en officine.
Approches non médicamenteuses
Dernier conseil au public : la santé, ce n’est pas une affaire de médicaments, ou pas exclusivement.
Les médicaments ne constituent qu’un élément de la prise en charge médicale.
Souvent, ils accompagnent ou complètent d’autres mesures à appliquer.
Ne sous-estimez pas les exhortations de votre médecin à adopter des modes de vie plus sains (alimentation équilibrée, exercice physique, cessation tabagique…), elles ne sont pas anecdotiques ou moins importantes que l’approche médicamenteuse.
Mis à jour le 20/09/2021